Année de la foi (2012-2013)

Avec la Lettre apostolique Porta fidei du 11 octobre 2011, le Saint-Pиre Benoоt XVI a proclamé une Année de la foi.
Elle s’ouvrira le 11 octobre 2012, pour le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile њcuménique Vatican II, et s’achиvera le 24 novembre 2013,
Solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’univers.



LETTRE APOSTOLIQUE
EN FORME DE MOTU PROPRIO

PORTA FIDEI

DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOОT XVI

PAR LAQUELLE EST PROMULGUéE L'ANNéE DE LA FOI

1. «La porte dela foi» (cf. Ac 14, 27) qui introduit а la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cњur se laisse modeler par la grвce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur ce chemin qui dure toute la vie. Il commence par le baptкme (cf. Rm 6, 4), par lequel nous pouvons appeler Dieu du nom de Pиre, et s’achиve par le passage de la mort а la vie éternelle, fruit de la résurrection du Seigneur Jésus qui, par le don de l’Esprit Saint, a voulu associer а sa gloire elle-mкme tous ceux qui croient en lui (cf. Jn 17, 22). Professer la foi dans la Trinité – Pиre, Fils et Saint-Esprit – équivaut а croire en un seul Dieu qui est Amour (cf. 1 Jn 4, 8) : le Pиre, qui dans la plénitude des temps a envoyé son Fils pour notre salut ; Jésus-Christ, qui dans le mystиre de sa mort et de sa résurrection a racheté le monde ; le Saint-Esprit, qui conduit l’église а travers les siиcles dans l’attente du retour glorieux du Seigneur.

2. Depuis le commencement de mon ministиre comme Successeur de Pierre, j’ai rappelé l’exigence de redécouvrir le chemin de la foi pour mettre en lumiиre de faзon toujours plus évidente la joie et l’enthousiasme renouvelé de la rencontre avec le Christ. Dans l’homélie de la messe pour l’inauguration de mon pontificat je disais : « L’église dans son ensemble, et les pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude » [1]. Il arrive désormais fréquemment que les chrétiens s’intéressent surtout aux conséquences sociales, culturelles et politiques de leur engagement, continuant а penser la foi comme un présupposé évident du vivre en commun. En effet, ce présupposé non seulement n’est plus tel mais souvent il est mкme nié[2]. Alors que dans le passé il était possible de reconnaоtre un tissu culturel unitaire, largement admis dans son renvoi aux contenus de la foi et aux valeurs inspirées par elle, aujourd’hui il ne semble plus en кtre ainsi dans de grands secteurs de la société, en raison d’une profonde crise de la foi qui a touché de nombreuses personnes.

3. Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumiиre soit tenue cachée (cf. Mt 5, 13-16). Comme la samaritaine, l’homme d’aujourd’hui peut aussi sentir de nouveau le besoin de se rendre au puits pour écouter Jésus qui invite а croire en lui et а puiser а sa source, jaillissante d’eau vive (cf. Jn 4, 14). Nous devons retrouver le goыt de nous nourrir de la Parole de Dieu, transmise par l’église de faзon fidиle, et du Pain de la vie, offerts en soutien de tous ceux qui sont ses disciples (cf. Jn 6, 51). L’enseignement de Jésus, en effet, résonne encore de nos jours avec la mкme force : « Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jn 6, 27). L’interrogation posée par tous ceux qui l’écoutaient est la mкme aussi pour nous aujourd’hui : « Que devons-nous faire pour travailler aux њuvres de Dieu ? » (Jn 6, 28). Nous connaissons la réponse de Jésus : « L’њuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé » (Jn 6, 29). Croire en Jésus Christ est donc le chemin pour pouvoir atteindre de faзon définitive le salut.

4. A la lumiиre de tout ceci j’ai décidé de promulguer une Année de la foi. Elle commencera le 11 octobre 2012, lors du cinquantiиme anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, et se terminera en la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi de l’univers, le 24 novembre 2013. Le 11 octobre 2012, aura lieu aussi le vingtiиme anniversaire de la publication du Catéchisme de l’église catholique, texte promulgué par mon Prédécesseur, le Bienheureux Pape Jean-Paul II [3], dans le but d’exposer а tous les fidиles la force et la beauté de la foi. Ce document, fruit authentique du Concile Vatican II, fut souhaité par le Synode extraordinaire des évкques de 1985 comme instrument au service de la catéchиse [4] et fut réalisé grвce а la collaboration de tout l’épiscopat de l’église catholique. Et j’ai précisément convoqué l’Assemblée générale du Synode des évкques, au mois d’octobre 2012, sur le thиme de La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. Ce sera une occasion propice pour introduire la structure ecclésiale tout entiиre а un temps de réflexion particuliиre et de redécouverte de la foi. Ce n’est pas la premiиre fois que l’église est appelée а célébrer une Année de la foi. Mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI en avait décidée une semblable en 1967, pour faire mémoire du martyre des Apфtres Pierre et Paul а l’occasion du dix-neuviиme centenaire de leur témoignage suprкme. Il la pensa comme un moment solennel pour que dans toute l’église il y eыt « une profession authentique et sincиre de la mкme foi » ; en outre, il voulut que celle-ci soit confirmée de maniиre « individuelle et collective, libre et consciente, intérieure et extérieure, humble et franche » [5]. Il pensait que de cette faзon l’église tout entiиre pourrait reprendre « une conscience plus nette de sa foi, pour la raviver, la purifier, la confirmer et la proclamer » [6]. Les grands bouleversements qui se produiront en cette Année, ont rendu encore plus évidente la nécessité d’une telle célébration. Elle s’est conclue par la Profession de foi du Peuple de Dieu [7], pour attester combien les contenus essentiels qui depuis des siиcles constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’кtre confirmés, compris et approfondis de maniиre toujours nouvelle afin de donner un témoignage cohérent dans des conditions historiques différentes du passé.

5. Pour certains aspects, mon Vénéré Prédécesseur a vu cette Année comme une « conséquence et une exigence de l’aprиs-Concile » [8], bien conscient des graves difficultés du temps, surtout en ce qui concerne la profession de la vraie foi et sa juste interprétation. J’ai considéré que faire commencer l’Année de la foi en coпncidence avec le cinquantiиme anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II peut кtre une occasion propice pour comprendre que les textes laissés en héritage par les Pиres conciliaires, selon les paroles du bienheureux Jean Paul II, « ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu’ils soient lus de maniиre appropriée, qu’ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistиre, а l’intérieur de la Tradition de l’église… Je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande grвce dont l’église a bénéficié au vingtiиme siиcle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siиcle qui commence » [9]. Moi aussi j’entends redire avec force tout ce que j’ai eu а dire а propos du Concile quelques mois aprиs mon élection comme Successeur de Pierre : « Si nous le lisons et le recevons guidés par une juste herméneutique, il peut кtre et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l’église » [10].

6. Le renouveau de l’église passe aussi а travers le témoignage offert par la vie des croyants : par leur existence elle-mкme dans le monde les chrétiens sont en effet appelés а faire resplendir la Parole de vérité que le Seigneur Jésus nous a laissée. Justement le Concile, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium affirmait : « Tandis que le Christ, ‘saint, innocent, sans tвche’ (He 7, 26), n’a pas connu le péché (cf. 2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’église, elle, qui enferme des pécheurs dans son propre sein, est donc а la fois sainte et appelée а se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement. ‘L’église avance dans son pиlerinage а travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu’, annonзant la croix et la mort du Seigneur jusqu’а ce qu’il vienne (cf. 1 Co 11, 26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent а la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidиlement au milieu du monde le mystиre du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour oщ, finalement, il éclatera dans la pleine lumiиre » [11].

Dans cette perspective, l’Année de la foi est une invitation а une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde. Dans le mystиre de sa mort et de sa résurrection, Dieu a révélé en plénitude l’Amour qui sauve et qui appelle les hommes а convertir leur vie par la rémission des péchés (cf. Ac 5, 31). Pour l’Apфtre Paul, cet Amour introduit l’homme а une vie nouvelle : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptкme dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Pиre, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle » (Rm 6, 4). Grвce а la foi, cette vie nouvelle modиle toute l’existence humaine sur la nouveauté radicale de la résurrection. Dans la mesure de sa libre disponibilité, les pensées et les sentiments, la mentalité et le comportement de l’homme sont lentement purifiés et transformés, sur un chemin jamais complиtement terminé en cette vie. La « foi opérant par la charité » (Ga 5, 6) devient un nouveau critиre d’intelligence et d’action qui change toute la vie de l’homme (cf. Rm 12, 2; Col 3, 9-10; Ep 4, 20-29; 2 Co 5, 17).

7. « Caritas Christi urget nos » (2 Co 5, 14): c’est l’amour du Christ qui remplit nos cњurs et nous pousse а évangéliser. Aujourd’hui comme alors, il nous envoie par les routes du monde pour proclamer son évangile а tous les peuples de la terre (cf. Mt 28, 19). Par son amour, Jésus-Christ attire а lui les hommes de toutes générations: en tous temps il convoque l’église lui confiant l’annonce de l’évangile, avec un mandat qui est toujours nouveau. C’est pourquoi aujourd’hui aussi un engagement ecclésial plus convaincu en faveur d’une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi est nécessaire. L’engagement missionnaire des croyants, qui ne peut jamais manquer, puise force et vigueur dans la redécouverte quotidienne de son amour. En effet, la foi grandit quand elle est vécue comme expérience d’un amour reзu et quand elle est communiquée comme expérience de grвce et de joie. Elle rend fécond, parce qu’elle élargit le cњur dans l’espérance et permet d’offrir un témoignage capable d’engendrer: en effet elle ouvre le cњur et l’esprit de tous ceux qui écoutent а accueillir l’invitation du Seigneur а adhérer а sa Parole pour devenir ses disciples. Les croyants, atteste saint Augustin, « se fortifient en croyant » [12]. Le saint évкque d’Hippone avait de bonnes raisons pour s’exprimer de cette faзon. Comme nous le savons, sa vie fut une recherche continuelle de la beauté de la foi jusqu’а ce que son cњur trouve le repos en Dieu [13]. Ses nombreux écrits, dans lesquels sont expliquées l’importance de croire et la vérité de la foi, demeurent jusqu’а nos jours comme un patrimoine de richesse inégalable et permettent encore а de nombreuses personnes en recherche de Dieu de trouver le juste parcours pour accéder а la « porte de la foi ».

Donc, la foi grandit et se renforceseulement en croyant ; il n’y a pas d’autre possibilité pour posséder une certitude sur sa propre vie sinon de s’abandonner, dans un crescendo continu, entre les mains d’un amour qui s’expérimente toujours plus grand parce qu’il a son origine en Dieu.

8. En cette heureuse occasion, j’entends inviter les confrиres évкques du monde entier а s’unir au Successeur de Pierre, en ce temps de grвce spirituelle que le Seigneur nous offre, pour faire mémoire du don précieux de la foi. Nous voudrons célébrer cette Année de maniиre digne et féconde. La réflexion sur la foi devra s’intensifier pour aider tous ceux qui croient au Christ а rendre plus consciente et а revigorer leur adhésion а l’évangile, surtout en un moment de profond changement comme celui que l’humanité est en train de vivre. Nous aurons l’opportunité de confesser la foi dans le Seigneur ressuscité dans nos cathédrales et dans les églises du monde entier; dans nos maisons et auprиs de nos familles, pour que chacun ressente avec force l’exigence de mieux connaоtre et de transmettre aux générations futures la foi de toujours. Les communautés religieuses comme celles des paroisses, et toutes les réalités ecclésiales anciennes et nouvelles, trouveront la faзon, en cette Année, de rendre une profession publique du Credo.

9. Nous désirons que cette Année suscite en chaque croyant l’aspiration а confesser la foi en plénitude et avec une conviction renouvelée, avec confiance et espérance. Ce sera aussi une occasion propice pour intensifier la célébration de la foi dans la liturgie, et en particulier dans l’Eucharistie, qui est « le sommet auquel tend l’action de l’église, et en mкme temps la source d’oщ découle toute sa force » [14]. En mкme temps, nous souhaitons que le témoignage de vie des croyants grandisse en crédibilité. Redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée [15], et réfléchir sur l’acte lui-mкme par lequel on croit, est un engagement que chaque croyant doit faire sien, surtout en cette Année.

Ce n’est pas par hasard que dans les premiers siиcles les chrétiens étaient tenus d’apprendre de mémoire le Credo. Ceci leur servait de priиre quotidienne pour ne pas oublier l’engagement pris par le baptкme. Avec des paroles denses de signification, saint Augustin le rappelle quand dans une Homélie sur la redditio symboli, la remise du Credo, il dit : « Le symbole du saint témoignage qui vous a été donné а tous ensemble et que vous avez récité aujourd’hui chacun en particulier, est l’expression de la foi de l’église notre mиre, foi établie solidement sur le fondement inébranlable, sur Jésus-Christ Notre Seigneur …On vous a donc donné а apprendre et vous avez récité ce que vous devez avoir toujours dans l’вme et dans le cњur, répéter sur votre couche, méditer sur les places publiques, ne pas oublier en prenant votre nourriture, murmurer mкme intérieurement durant votre sommeil » [16].

10. Je voudrais, а ce point, esquisser un parcours qui aide а comprendre de faзon plus profonde non seulement les contenus de la foi, mais avec ceux-ci aussi l’acte par lequel nous décidons de nous en remettre totalement а Dieu, en pleine liberté. En effet, il existe une unité profonde entre l’acte par lequel on croit et les contenus auxquels nous donnons notre assentiment. L’Apфtre Paul permet d’entrer а l’intérieur de cette réalité quand il écrit : « La foi du cњur obtient la justice, et la confession des lиvres le salut » (Rm 10, 10). Le cњur indique que le premier acte par lequel on vient а la foi est don de Dieu et action de la grвce qui agit et transforme la personne jusqu’au plus profond d’elle-mкme.

L’exemple de Lydie est tout а fait éloquent а ce sujet. Saint Luc raconte que Paul, alors qu’il se trouvait а Philippes, alla un samedi annoncer l’évangile а quelques femmes ; parmi elles se trouvait Lydie et « le Seigneur lui ouvrit le cњur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul » (Ac 16, 14). Le sens renfermé dans l’expression est important. Saint Luc enseigne que la connaissance des contenus а croire n’est pas suffisante si ensuite le cњur, authentique sanctuaire de la personne, n’est pas ouvert par la grвce qui permet d’avoir des yeux pour regarder en profondeur et comprendre que ce qui a été annoncé est la Parole de Dieu.

Professer par la bouche, а son tour, indique que la foi implique un témoignage et un engagement publics. Le chrétien ne peut jamais penser que croire est un fait privé. La foi, c’est décider d’кtre avec le Seigneur pour vivre avec lui. Et ce « кtre avec lui » introduit а la compréhension des raisons pour lesquelles on croit. La foi, parce qu’elle est vraiment un acte de la liberté, exige aussi la responsabilité sociale de ce qui est cru. L’église au jour de la Pentecфte montre avec toute évidence cette dimension publique du croire et du fait d’annoncer sans crainte sa propre foi а toute personne. C’est le don de l’Esprit Saint qui habilite а la mission et fortifie notre témoignage, le rendant franc et courageux.

La profession de la foi elle-mкme est un acte personnel et en mкme temps communautaire. En effet, l’église est le premier sujet de la foi. Dans la foi de la communauté chrétienne chacun reзoit le baptкme, signe efficace de l’entrée dans le peuple des croyants pour obtenir le salut. Comme atteste le Catéchisme de l’église catholique : «‘Je crois’ ; c’est la foi de l’église professée personnellement par chaque croyant, principalement lors du Baptкme. ‘Nous croyons’ : c’est la foi de l’église confessée par les évкques assemblés en Concile ou, plus généralement, par l’assemblée liturgique des croyants. ‘Je crois’ : c’est aussi l’église, notre Mиre, qui répond а Dieu par sa foi et qui nous apprend а dire : ‘Je crois’, ‘Nous croyons’ » [17].

Comme on peut l’observer, la connaissance des contenus de foi est essentielle pour donner son propre assentiment, c'est-а-dire pour adhérer pleinement avec l’intelligence et la volonté а tout ce qui est proposé par l’église. La connaissance de la foi introduit а la totalité du mystиre salvifique révélé par Dieu. L’assentiment qui est prкté implique donc que, quand on croit, on accepte librement tout le mystиre de la foi, parce que Dieu lui-mкme qui se révиle et permet de connaоtre son mystиre d’amour, est garant de sa vérité [18].

D’autre part, nous ne pouvons pas oublier que, dans notre contexte culturel, de nombreuses personnes, bien que ne reconnaissant pas en soi le don de la foi, sont quand mкme dans une recherche sincиre du sens ultime et de la vérité définitive sur leur existence et sur le monde. Cette recherche est un authentique « préambule » а la foi, parce qu’elle met en mouvement les personnes sur le chemin qui conduit au mystиre de Dieu. La raison de l’homme elle-mкme, en effet, porte innée l’exigence de « ce qui a de la valeur et demeure toujours » [19]. Cette exigence constitue une invitation permanente, inscrite de faзon indélébile dans le cњur humain, а se mettre en chemin pour trouver Celui que nous ne chercherions pas s’il n’était pas déjа venu а notre rencontre [20]. La foi nous invite justement а cette rencontre et nous y ouvre pleinement.

11. Pour accéder а une connaissance systématique des contenus de la foi, tous peuvent trouver dans le Catéchisme de l’église catholique une aide précieuse et indispensable. Il constitue un des fruits les plus importants du Concile Vatican II. Dans la Constitution apostolique Fidei depositum signée, et ce n’est pas par hasard, а l’occasion du trentiиme anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, le Bienheureux Jean-Paul II écrivait : « Ce Catéchisme apportera une contribution trиs importante а l’њuvre de renouveau de toute la vie ecclésiale … Je le reconnais comme un instrument valable et autorisé au service de la communion ecclésiale et comme une norme sыre pour l’enseignement de la foi » [21].

C’est justement sur cet horizon que l’Année de la foi devra exprimer un engagement général pour la redécouverte et l’étude des contenus fondamentaux de la foi qui trouvent dans le Catéchisme de l’église catholique leur synthиse systématique et organique. Ici, en effet, émerge la richesse d’enseignement que l’église a accueilli, gardé et offert au cours de ses deux mille ans d’histoire. De la sainte écriture aux Pиres de l’église, des Maоtres de théologie aux Saints qui ont traversé les siиcles, le Catéchisme offre une mémoire permanente des nombreuses faзons dans lesquelles l’église a médité sur la foi et produit un progrиs dans la doctrine pour donner certitude aux croyants dans leur vie de foi.

Dans sa structure elle-mкme, le Catéchisme de l’église catholique présente le développement de la foi jusqu’а toucher les grands thиmes de la vie quotidienne. Page aprиs page, on découvre que tout ce qui est présenté n’est pas une théorie, mais la rencontre avec une Personne qui vit dans l’église. А la profession de foi, en effet, succиde l’explication de la vie sacramentelle, dans laquelle le Christ est présent, agissant et continue а construire son église. Sans la liturgie et les sacrements, la profession de foi n’aurait pas d’efficacité, parce qu’elle manquerait de la grвce qui soutient le témoignage des chrétiens. De la mкme maniиre, l’enseignement du Catéchisme sur la vie morale acquiert toute sa signification s’il est mis en relation avec la foi, la liturgie et la priиre.

12. En cette Année, par conséquent, le Catéchisme de l’église catholique, pourra кtre un véritable instrument pour soutenir la foi, surtout pour tous ceux qui ont а cњur la formation des chrétiens, si déterminante dans notre contexte culturel. Dans ce but, j’ai invité la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en accord avec les Dicastиres compétents du Saint-Siиge, а rédiger une Note, par laquelle offrir а l’église et aux croyants quelques indications pour vivre cette Année de la foi de maniиre plus efficace et appropriée, au service du croire et de l’évangélisation.

En effet, la foi, se trouve кtre soumise plus que dans le passé а une série d’interrogations qui proviennent d’une mentalité changée qui, particuliиrement aujourd’hui, réduit le domaine des certitudes rationnelles а celui des conquкtes scientifiques et technologiques. Toutefois, l’église n’a jamais eu peur de montrer comment entre foi et science authentique il ne peut y avoir aucun conflit parce que les deux, mкme si c’est par des chemins différents, tendent а la vérité [22].

13. Il sera décisif au cours de cette Année de parcourir de nouveau l’histoire de notre foi, laquelle voit le mystиre insondable de l’entrelacement entre sainteté et péché. Alors que la premiиre met en évidence le grand apport que les hommes et les femmes ont offert а la croissance et au développement de la communauté par le témoignage de leur vie, le second doit provoquer en chacun une sincиre et permanente њuvre de conversion pour faire l’expérience de la miséricorde du Pиre qui va а la rencontre de tous.

En ce temps, nous tiendrons le regard fixé sur Jésus Christ « а l’origine et au terme de la foi » (He 12, 2) : en lui trouve son achиvement tout tourment et toute aspiration du cњur humain. La joie de l’amour, la réponse au drame de la souffrance et de la douleur, la force du pardon devant l’offense reзue et la victoire de la vie face au vide de la mort, tout trouve son achиvement dans le mystиre de son Incarnation, du fait qu’il s’est fait homme, qu’il a partagé avec nous la faiblesse humaine pour la transformer par la puissance de sa résurrection. En lui, mort et ressuscité pour notre salut, trouvent pleine lumiиre les exemples de foi qui ont marqué ces deux mille ans de notre histoire de salut.

Par la foi, Marie a accueilli la parole de l’Ange et elle a cru а l’annonce qu’elle deviendrait Mиre de Dieu dans l’obéissance de son dévouement (cf. Lc 1, 38). Visitant Elisabeth, elle éleva son cantique de louange vers le Trиs-Haut pour les merveilles qu’il accomplissait en tous ceux qui s’en remettent а lui (cf. Lc 1, 46-55). Avec joie et anxiété elle met au jour son fils unique, maintenant intacte sa virginité (cf. Lc 2, 6-7). Comptant sur Joseph son époux, elle porta Jésus en égypte pour le sauver de la persécution d’Hérode (cf. Mt 2, 13-15). Avec la mкme foi, elle suivit le Seigneur dans sa prédication et demeura avec lui jusque sur le Golgotha (cf. Jn 19, 25-27). Avec foi Marie goыta les fruits de la résurrection de Jésus et, conservant chaque souvenir dans son cњur (cf. Lc 2, 19.51), elle les transmit aux Douze réunis avec elle au Cénacle pour recevoir l’Esprit Saint (cf. Ac 1, 14; 2, 1-4).

Par la foi, les Apфtres laissиrent tout pour suivre le Maоtre (cf. Mc 10, 28). Ils crurent aux paroles par lesquelles il annonзait le Royaume de Dieu présent et réalisé dans sa personne (cf. Lc 11, 20). Ils vécurent en communion de vie avec Jésus qui les instruisait par son enseignement, leur laissant une nouvelle rиgle de vie par laquelle ils seraient reconnus comme ses disciples aprиs sa mort (cf. Jn 13, 34-35). Par la foi, ils allиrent dans le monde entier, suivant le mandat de porter l’évangile а toute créature (cf. Mc 16, 15) et, sans aucune crainte, ils annoncиrent а tous la joie de la résurrection dont ils furent de fidиles témoins.

Par la foi, les disciples formиrent la premiиre communauté regroupée autour de l’enseignement des Apфtres, dans la priиre, dans la célébration de l’Eucharistie, mettant en commun tout ce qu’ils possédaient pour subvenir aux besoins des frиres (cf. Ac 2, 42-47).

Par la foi, les martyrs donnиrent leur vie, pour témoigner de la vérité de l’évangile qui les avait transformés et rendus capables de parvenir au don le plus grand de l’amour avec le pardon de leurs propres persécuteurs.

Par la foi, des hommes et des femmes ont consacré leur vie au Christ, laissant tout pour vivre dans la simplicité évangélique l’obéissance, la pauvreté et la chasteté, signes concrets de l’attente du Seigneur qui ne tarde pas а venir. Par la foi, de nombreux chrétiens ont promu une action en faveur de la justice pour rendre concrиte la parole du Seigneur venu annoncer la libération de l’oppression et une année de grвce pour tous (cf. Lc 4, 18-19).

Par la foi, au cours des siиcles, des hommes et des femmes de tous les вges, dont le nom est inscrit au Livre de vie (cf. Ap 7, 9; 13, 8), ont confessé la beauté de suivre le Seigneur Jésus lа oщ ils étaient appelés а donner le témoignage de leur кtre chrétiens: dans la famille, dans la profession, dans la vie publique, dans l’exercice des charismes et des ministиres auxquels ils furent appelés.

Par la foi, nous vivons nous aussi : par la reconnaissance vivante du Seigneur Jésus, présent dans notre existence et dans l’histoire.

14. L’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour intensifier le témoignage de la charité. Saint Paul rappelle : « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité » (1 Co 13, 13). Avec des paroles encore plus fortes – qui depuis toujours engagent les chrétiens – l’Apфtre Jacques affirmait : « A quoi sert-il, mes frиres, que quelqu’un dise : ‘J’ai la foi’, s’il n’a pas les њuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frиre ou une sњur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : ‘Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous’, sans leur donner ce qui est nécessaire а leur corps, а quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les њuvres, elle est tout а fait morte. Au contraire, on dira : ‘Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les њuvres ? Montre-moi ta foi sans les њuvres ; moi, c’est par les њuvres que je te montrerai ma foi’ » (Jc 2, 14-18).

La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment а la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet а l’autre de réaliser son chemin. En effet de nombreux chrétiens consacrent leur vie avec amour а celui qui est seul, marginal ou exclus comme а celui qui est le premier vers qui aller et le plus important а soutenir, parce que justement en lui se reflиte le visage mкme du Christ. Grвce а la foi nous pouvons reconnaоtre en tous ceux qui demandent notre amour, le visage du Seigneur ressuscité. «Dans la mesure oщ vous l’avez fait а l’un de ces plus petits de mes frиres, c’est а moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40) : ces paroles du Seigneur sont un avertissement а ne pas oublier et une invitation permanente а redonner cet amour par lequel il prend soin de nous. C’est la foi qui permet de reconnaоtre le Christ et c’est son amour lui-mкme qui pousse а le secourir chaque fois qu’il se fait notre prochain sur le chemin de la vie. Soutenus par la foi, regardons avec espérance notre engagement dans le monde, en attente «d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelleoщ résidera la justice » (2 Pi 3, 13; cf. Ap 21, 1).

15. Parvenu désormais au terme de sa vie, l’Apфtre Paul demande а son disciple Timothée de « rechercher la foi » (2 Tm 2, 22) avec la mкme constance que lorsqu’il était jeune (cf. 2 Tm 3, 15). Entendons cette invitation adressée а chacun de nous, pour que personne ne devienne paresseux dans la foi. Elle est une compagne de vie qui permet de percevoir avec un regard toujours nouveau les merveilles que Dieu réalise pour nous. Engagée а saisir les signes des temps dans l’aujourd’hui de l’histoire, la foi incite chacun de nous а devenir signe vivant de la présence du Ressuscité dans le monde. Ce dont le monde aujourd’hui a particuliиrement besoin, c’est du témoignage crédible de tous ceux qui, éclairés dans l’esprit et dans le cњur par la Parole du Seigneur, sont capables d’ouvrir le cњur et l’esprit de beaucoup au désir de Dieu et de la vraie vie, celle qui n’a pas de fin.

« Que la Parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée » (2 Th 3, 1) : puisse cette Année de la foi rendre toujours plus solide la relation avec le Christ Seigneur, puisque seulement en lui se trouve la certitude pour regarder vers l’avenir et la garantie d’un amour authentique et durable. Les paroles de l’Apфtre Pierre jettent un dernier rayon de lumiиre sur la foi : « Vous en tressaillez de joie, bien qu’il vous faille encore quelque temps кtre affligés par diverses épreuves, afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l’or périssable que l’on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ. Sans l’avoir vu, vous l’aimez ; sans le voir encore, mais en croyant, vous tressaillez d’une joie indicible et pleine de gloire, sыrs d’obtenir l’objet de votre foi : le salut des вmes » (1 Pi 1, 6-9). La vie des chrétiens connaоt l’expérience de la joie et celle de la souffrance. Combien de saints ont vécu la solitude ! Combien de croyants, mкme de nos jours, sont éprouvés par le silence de Dieu alors qu’ils voudraient écouter sa voix consolante ! Les épreuves de la vie, alors qu’elles permettent de comprendre le mystиre de la croix et de participer aux souffrances du Christ (cf. Col 1, 24), sont un prélude а la joie et а l’espérance oщ conduit la foi : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12, 10). Nous croyons avec une ferme certitude que le Seigneur Jésus a vaincu le mal et la mort. Avec cette confiance assurée nous nous en remettons а lui: présent au milieu de nous, il vainc le pouvoir du malin (cf. Lc 11, 20) et l’église, communauté visible de sa miséricorde, subsiste en lui comme signe de la réconciliation définitive avec le Pиre.

Confions а la Mиre de Dieu, proclamée « bienheureuse parce qu’elle a cru » (Lc 1, 45), ce temps de grвce.

Donné а Rome, prиs de Saint-Pierre, le 11 octobre 2011, en la septiиme année de mon Pontificat.